Passant par une phase d’immatérialité, l’image numérisée devient virtuelle et c’est à ce moment précis qu’elle s’érotise – elle est investie de désir – avant de prendre une nouvelle forme. On aura compris que les images produites ne naissent pas de rien ; elles gardent la trace d’une forme ancienne. Elles perpétuent l’architecture de formes préexistantes, de référents, fussent-ils oubliés.
Elles sont mémoires d’une réalité visuelle primitive.
En ayant recours à des matériaux discontinus (des lanières, des trames microperforées), l’artiste masque autant qu’il dévoile. Il met un terme à la linéarité du regard, il en perturbe le parcours. En effet, outre ses propriétés plastiques de morcellement et de dispersion, la trame joue la fonction d’un filtre qui ne laisse passer qu’une partie de l’image ; en la subdivisant, elle sélectionne sur un mode aléatoire le visible créant ainsi des surprises et des découpages inattendus. S’interposant entre l’image et l’oeil du spectateur, elle agit comme un balayage qui compromet toute tentative d’identification réaliste. La trame – fidèle à son étymologie – intrigue, complote, obligeant le spectateur à s’interroger sur le sens de son regard, sur ce qu’il dérobe, ce qu’il arrache à la part d’ombre.
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Les œuvres présentées ci-dessus :
Taxis roses Bangkok, Olivier de Cayron, 2012, Photographie, Réalisation numérique sur microperforé
Brooklyn-wanted NY, Olivier de Cayron, 2013, Photographie, Réalisation numérique sur microperforé
Chicago, Olivier de Cayron, 2014, Photographie, Réalisation numérique sur microperforé
Sous le pont de Zagreb, Olivier de Cayron, 2014, Photographie, Réalisation numérique sur microperforé
Singapore, Olivier de Cayron, 2014, Photographie, Réalisation numérique sur microperforé